Jours de gloire

Le 11 novembre on célèbre Veterans Day (Jour des anciens combattants) aux États-Unis et le jour du Souvenir au Canada.

Pendant que beaucoup de pays rendent hommage à leurs soldats morts et se souviennent des sacrifices consentis, ce jour me rappelle que les Français et les Britanniques ont recruté des troupes dans leurs anciennes colonies, dont le Maroc.

Y a-t-il des célébrations dans ces pays aussi? Des mercenaires, à qui on a beaucoup promis mais qui ont peu reçu, ont eux aussi versé leur sang. Je n’ai jamais rencontré des Marocains qui ont combattu dans la Première ou la Seconde Guerre mondiale ni dans la guerre civile espagnole, mais la dame qui cuisinait pour moi, Khadija, était mariée avec un homme qui avait servi en Indochine.

Ali et Khadija. Sefrou, 1968.

Pour Ali, l’expérience était affreuse. Le conflit était dénué de sens, sa santé a été compromise et il a fini par recevoir une pension dont l’indexation n’a jamais suivi le taux d’inflation une fois que le Maroc avait obtenu son indépendance.

Les États-Unis acceptent maintenant des recrues si ces personnes ont une carte verte et si elles sont résidentes, mais l’armée américaine ne s’engage nullement à les aider à obtenir la citoyenneté. En Afghanistan et en Irak, les forces américaines dépendaient d’interprètes locaux, des hommes qui risquaient leur vie, à qui on a promis une protection, mais à qui maintenant on refuse l’asile.

Jusqu’à la fin de la Renaissance, les armées permanentes étaient rares ou inexistantes. La plupart des dirigeants levaient leurs troupes parmi la noblesse, ou engageaient des mercenaires comme dans l’Italie de la Renaissance. Rome constituait peut-être une exception notable, mais pendant la moitié de son histoire, il était une dictature militaire. Ce n’est qu’à l’avènement de l’État-nation que l’idée d’une armée permanente prend racine. Les puissances impériales, toujours en conflit les unes avec les autres, ont trouvé encore une autre ressource à exploiter. Les troupes coloniales ont combattu férocement et avec bravoure, mais pour des causes qui n’étaient pas les leurs et pour des promesses qui n’ont pas été tenues. Beaucoup étaient illettrés ou presque, et, en ce qui a trait au Maroc, peu ont laissé autre chose que des récits oraux que personne n’a trouvé digne de mettre par écrit. Aujourd’hui, nous devrions les honorer, eux aussi.

L’illustration provient du film Indigènes qui suit un groupe de soldats algériens et marocains dans la Seconde Guerre mondiale. La version anglaise de ce film français porte le titre Days of Glory, titre ironique, bien entendu.

Auteur : David Brooks

Traduction : Jim Erickson

Author: Dave

Retired. Formerly school librarian, social studies teacher, and urban planner.

One thought on “Jours de gloire”

  1. J’ai visité un cimetière en Malaisie où mon grand-oncle est enterré et j’ai été choqué de voir le numéro de la tombe avec l’en-tête “Un soldat inconnu de l’armée indienne”. Nous sommes non seulement propriétaires de nos anciennes colonies en excuses massives, mais nous devrions également reconnaître les sacrifices qu’elles ont faits pour nous. Pour ma part, je les salue. Des jours de gloire, mais egalement des jours d’honte. Voir mon post: https://wheatypetes.world/2016/08/15/84/

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