Le faiseur de pluie et l’ivrogne

Le camp de travail pour migrants à Hemet en Californie, novembre 1967. Je crois qu’aucun d’entre nous, même parmi ceux affectés aux sites les plus reculés, n’ait vécu au Maroc aussi mal que nous avons vécu dans ce camp.

Quand notre groupe de volontaires était en formation à Hemet en Calfornie, nous avons visionné un film documentaire en noir et blanc sur l’islam, intitulé, si ma mémoire est bonne, Au nom de Dieu. Le film avait été produit pour la télévision et j’ai beau essayer de le retrouver, je n’ai pas eu de succès. Je ne me souviens pas si le Maroc était le décor du film ou si seulement quelques-unes des séquences y étaient tournées; je crois que c’est le premier, mais certaines des scènes ont bel et bien eu lieu au moussem annuel à Moulay Bouchta.

Un moussem est un festival marocain, souvent centré sur la célébration annuelle d’un saint. Le terme saint, dans un contexte chrétien, peut évoquer un concept qui n’est pas tout à fait précis. D’habitude je me méfie des analogies religieuses parce qu’elles peuvent comporter un bagage d’information contextuelle qui est inapplicable ou fallacieux. C’est humain, je suppose, de prendre l’inconnu et de le placer dans un contexte qui le rend compréhensible, mais les apparences peuvent être trompeuses. Dans certaines parties du christianisme les saints agissent comme intermédiaires entre le fidèle et Dieu. En islam, du moins dans l’islam sunnite suivi au Maroc, il n’y a pas de place pour des intermédiaires. Le lien entre le musulman et Allah est direct.

De plus, dans le contexte chrétien occidental, les saints sont canonisés, c’est-à-dire légitimés par les autorités religieuses suprêmes. Dans le contexte marocain, les saints sont largement populaires et ruraux et gagnent des adhérents en dehors de l’influence des autorités religieuses urbaines. Comme dans la plus grande partie du monde islamique, ce sont les citadins qui contrôlent ce qui définit l’islam et ils peuvent parfois légitimer des saints ruraux. Les articles de la foi sont bien définis, mais la pratique de l’islam fait généralement l’objet de débats et de tolérance.

Il existe une maison d’édition française établie de longue date, Éditions Marabout, dont le symbole est la cigogne marabout, semblable à celle qui constitue la marque de commerce des Éditions Penguin. Cependant, comme ceux qui connaissent les oiseaux le savent, il ne s’agit pas de l’oiseau qui fait ses nids au Maroc, mais de celui d’un prédateur et charognard subsaharien d’apparence plutôt redoutable.

À l’époque coloniale, les Français utilisaient le terme marabout pour décrire les saints musulmans. Le terme peut aussi s’appliquer à la structure physique où le saint est enterré, et peut comporter également le sens de sage.

Marabout publie des livres pratiques et de loisirs dans un petit format carré.

Une cigogne européenne dans son nid sur le toit d’un bâtiment à Azrou. 1968
Comment devenir champion du sport « national » du sud de la France.

La racine arabe du mot marabout signifie « être lié » et se retrouve dans le nom de la capitale du Maroc, Rabat. Les Almohades, la dynastie berbère qui a fondé la ville, l’appelaient Ribat al-Fatah. Synonyme de forteresse, d’autres dérivés de la racine paraissent dans des noms de famille comme Morabit, et, en espagnol et en portugais, Morabito. La racine du verbe contient le sens d’attelage de chevaux dans un fort et le mot murabit peut signifier soldat ou cavalier. Dans un contexte métaphorique, le mot peut vouloir dire contraignant au sens spirituel. Les disciples du saint sont liés à leur maître par des croyances, des pratiques et par leur dévotion.

La porte de la kasbah des Oudayas à Rabat. Cette entrée massive est plus décorative que défensive et l’arc porte un verset du Coran en écriture koufique qui encourage le djihad. Elle date de la fin du 12e siècle, à l’apogée du pouvoir almohade.

En Afrique septentrionale et occidentale, le terme français marabout se réfère communément aux personnages, qui, de leur vivant, étaient connus pour leur piété, leurs connaissances religieuses spéciales et souvent pour leurs miracles.

Le soufisme est un autre terme associé aux saints musulmans. Le soufisme implique souvent la prétention d’une connaissance personnelle de Dieu moyennant des pratiques ésotériques. Dans les faits, le terme couvre une vaste gamme d’activités allant de simples prières jusqu’à des états de transe. Souvent toléré, le soufisme dans ses formes les plus extrêmes a entraîné des conflits avec les autorités et même la peine de mort pour hérésie. Certains saints marocains étaient des soufis, d’autres non. Au Maroc le soufisme et la sainteté se chevauchent largement.

Un groupe de la confrérie des Aïssawa au festival des cerises à Sefrou en 1968. Les Aïssawa figureront dans un billet ultérieur sur les saints et les confréries.

Les saints sont appelés « sidi » ou, s’ils sont chorfa, c’est-à-dire descendants de la famille du prophète, moulay. Les deux termes sont analogues à « mon seigneur », mais « moulay » indique un héritage qui remonte au prophète Mahomet et est utilisé pour le roi du Maroc et pour tout descendant du prophète, qu’il soit saint ou non. Ceci étant dit, selon la tradition, le pedigree royal de la dynastie des Alaouites qui dirige le Maroc depuis le 17e siècle, prétend posséder également la baraka.

Au Maroc, un saint peut être un soufi ou non, mais c’est certain qu’il prétend posséder la baraka, une puissance spirituelle et sainte qui œuvre ici-bas. Les gens se rendent au tombeau du saint, appelé souvent koubba, apportant des offrandes et demandant des faveurs au saint, une guérison, une grossesse et ainsi de suite. La baraka est transférable, pouvant passer d’une personne à l’autre. Un saint peut, même après sa mort, partager sa baraka avec ses disciples. Sous certaines conditions, la baraka peut même être soutirée ou volée. Pour moi, la baraka, cette force spirituelle qui se trouve partout sous la surface, représente le Maroc.

Vous pouvez aisément apprécier la présence généralisée des saints en regardant une carte de l’Afrique du Nord où les toponymes contenant « Sidi » ou « Moulay » parsèment tout le territoire. Le siège de la Légion étrangère française se trouvait à Sidi Bel Abbès en Algérie.

Les tombeaux de saints, appelés koubbas (en arabe, dôme ou coupole) se présentent sous plusieurs formes et grandeurs, mais n’ont pas toujours de dôme. Le peu de cas que Clifford Geertz fait des koubbas dans Observer l’islam m’a toujours déplu, même si le reste de son ouvrage est une merveilleuse comparaison de l’islam au Maroc et en Indonésie. Les tombeaux des saints montrent une grande variété de styles et de grandeurs. Certains ont des dômes, d’autres des toits en bois ou en tuiles de céramique vertes, la couleur associée au prophète, certains sont des cavernes alors que d’autres ne sont que de simples tombes marquées d’un cairn ou d’un amas de pierres.

Un groupe de tombes très photographiées en route vers Beni Mellal.
Un regroupement de tombes reculées près de Imouzzer des Marmoucha dans le Moyen Atlas.
Le tombeau de Sidi Chamrouch sur le sentier menant de la ville d’Imelil à la vallée au pied de Jbel Toubka. 1969. Le tombeau se trouve sous le grand rocher au centre gauche de la photo. Le tourisme et la croissance démographique ont favorisé ce saint. Les photos récentes montrent un site bien plus visité qu’auparavant.
Le tombeau de Sidi Al Bouseghrine qui donne sur Sefrou. 1969
Le tombeau de chérif Sidi Mouylay Lahcene dans le Sahara algérien en 1971. Des photos récentes semblent le montrer en ruines, peut-être l’œuvre d’islamistes qui considèrent le culte des saints comme non orthodoxe et contraire à leur conception de l’islam.

Si le saint compte de nombreux adeptes, il peut avoir une loge, appelée zawiya, où les adhérents de ses enseignements ou de sa voie (tariqah) célèbrent ensemble leur culte. Les loges sont entretenues par les descendants du saint qui reçoivent des dons de visiteurs ainsi que des offrandes lors des grands pèlerinages.

Le sanctuaire d’Idriss I, le premier souverain islamique du Maroc, dans le village de Moulay Idriss du Zerhoun. Autrefois les non-musulmans n’étaient pas autorisés à passer la nuit dans la ville.

De nombreuses loges sont soutenues par des fiducies religieuses, et certaines, dont Moulay Bouchta, reçoivent de temps à autre des dons du gouvernement. Ma visite à Moulay Bouchta en septembre 1969 ou 1970 est documentée dans les photos qui suivent.

Moulay Bouchta, circa 1970. Une histoire autour du saint raconte que, à cause d’un délit commis dans le passé, les habitants ne peuvent pas blanchir leur maison comme c’est la coutume dans les régions urbaines. Je me pose des questions là-dessus, car les maisons sur cette photo sont typiques de la région et ne gagnent rien à être blanchies à la chaux, mais aujourd’hui les nouvelles constructions sont généralement blanchies dans le nord du Maroc.

À l’époque, je travaillais au ministère de l’Agriculture à Fès et la zawiya de Moulay Bouchta était située dans le territoire de la province de Fès, à environ 60 kilomètres au nord de la ville de Fès. Aujourd’hui la zawiya se trouve dans la nouvelle province de Taounate. Pour la région au nord de Fès, j’utilise souvent le terme géographique pré-Rif, mais on appelle communément Jbala la région de collines et de montagnes qui se trouve à l’extrémité ouest du Rif. La route de Fès qui mène à Tétouan et à Tanger la traverse et, par le passé, constituait pour la ville de Fès un lien important avec l’Andalousie.

Deux de mes collègues, M. Mernissi et M. Martinez. Je suis fier d’avoir enseigné les techniques de la chambre noire à M. Mernissi.
Deux de mes collègues qui entourent notre conducteur lors d’un déjeuner près de Moulay Bouchta sous un soleil printanier.

Des visiteurs montaient des tentes et campaient en plein air autour de la zawiya créant ainsi un croisement entre un village et un souk (marché). Des biens et des services se vendaient ou s’échangeaient entre les commerçants et les locaux, et les rues principales de cette ville de tentes ressemblaient à un marché rural, ou souk, comme on en trouve partout au Maroc. Les visiteurs au moussem avaient besoin de nourriture, de services et, peut-être, d’offrandes. Ce qui est différent, c’est que les vendeurs dans un souk se groupent d’habitude dans un espace central, alors qu’ici ils se plaçaient le long des artères qui passaient à travers les tentes des visiteurs.

Une petite partie du village de tentes autour de Moulay Bouchta. Je suis resté dans une tente semblable à celles-ci quand je suis allé en pèlerinage à un autre saint, Moulay Abdesslam Ben Mechich au sommet du Jbel Alain. Ce sera le sujet d’un prochain billet.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le terme, un souk est un marché. Dans une zone urbaine, le terme se réfère à un site où certains biens se vendent, ce que les occidentaux appellent souvent bazar. Dans le Maroc traditionnel, les souks étaient des marchés ruraux périodiques et portaient le nom du jour, par exemple Souk el Khamis (marché du jeudi). Comme ces marchés étaient si courants, on y ajoutait un autre nom de lieu qui précisait l’endroit, comme Souk el-Arba (mercredi) du Gharb, un village important dans la région du Gharb.

Un diagramme de J.-F. Troin qui a étudié les marchés ruraux. Dans son diagramme, il indique le jour du marché par un chiffre. Dimanche = 1. Lundi = 2, et ainsi de suite. Ces souks sont centrés sur Tiflet, un village dans la région de Zemmour, entre Rabat et Meknès. Notre groupe de volontaires y a suivi une formation avant de recevoir nos affectations.

En regardant une vieille carte de l’Afrique du Nord, on voit partout des noms de lieu qui commencent par souk (ou zoco en espagnol). Bien des marchés étaient entièrement ruraux, mais avec le temps la plupart ont vu surgir de petits établissements autour d’eux.

Du bétail au souk à Missour, avant le Ramadan, 1970.
Marché de céréales au souk de Missour.
En 1968, le souk à Sefrou, tenu le jeudi, ne se trouvait pas sur la route touristique. Le vendeur dans la photo était content de montrer ses marchandises; ici un brasero à charbon.

Les moussems importants étaient de grands rassemblements, des événements où le gouvernement se plaisait à se faire voir. On y trouvait d’habitude des tentes pour des hauts fonctionnaires du gouvernement et des notables locaux, d’autres pour le divertissement comme la musique et des danseurs, et pour la nourriture. Étant donné la nature religieuse de l’événement, la danse me semblait incongrue. Des femmes qui dansent en public sont considérées comme des prostituées. Les tentes du gouvernement, par contre, se trouvaient loin du tombeau.

Les tentes du gouvernement à Moulay Bouchta.

Dans mon imagination, l’impression générale était celle d’une foire médiévale ou rurale même si je me rebute à comparer le Maroc moderne à l’Europe médiévale, sauf pour son caractère rural. Pensez au Maire de Casterbridge sans la beuverie.

Aux notables locaux on faisait de l’espace pour se détendre.
Pour d’autres, l’espace était limité.
Il vaut toujours mieux être riche et avoir des accointances.

Je ne me souviens plus comment je m’y suis rendu, mais étant donné que j’ai passé du temps des les tentes gouvernementales, j’étais sans doute avec d’autres personne du ministère. J’avais souvent à travailler dans la région au nord de Fès. Je n’ai aucun souvenir d’avoir mangé, mais on a dû me donner à manger. En ce qui me concerne, l’événement lui-même était un festin pour les yeux.

Un orchestre a fourni de la musique.
Les femmes dansaient. Ces femmes, venant en général de familles pauvres, étaient souvent des veuves ou des divorcées qu’on désignait pas le terme cheikat, soit vieilles femmes.
Des danseuses comme celles-ci venaient souvent du Moyen Atlas, où certains endroits étaient réputés pour leurs prostituées. Le fait de se produire en public les étiquetait comme des femmes de mœurs légères.
Au bord du Moyen Atlas, de jeunes hommes parlaient souvent d’ « aller voir les filles », et certaines villes étaient réputées pour ce commerce.

Je me souviens qu’il faisait beau ce jour-là et que j’ai passé le temps en circulant parmi les foules et en prenant des photos. Il me semble que j’étais le seul non-Marocain là-bas, mais personne ne m’a prêté beaucoup d’attention. J’ai pu photographier certains des événements qui honorent Moulau Bouchta, ainsi que les activités des commerçants et des spectateurs.

Qui était Moulay Bouchta? Ceux qui connaissent l’arabe marocain sauront que le nom signifie littéralement père de la pluie. Ses pouvoirs de saint comprenaient celui d’apporter de la pluie en temps de sécheresse. Dans un climat méditerranéen comme celui du Maroc, la pluie tombe de manière irrégulière. En une décennie, il peut y avoir quatre années de pluies moyennes, mais également six années où il en tombe trop, ou trop peu. Pour l’agriculteur marocain, la sécheresse est un souci majeur, spécialement pour les petits agriculteurs de lopins marginaux.

Des femmes qui ramassent des olives que l’on a descendues à l’aide de longues perches, pratique qu’on appelle gaulage. Comme cette pratique tend à endommager les branches et à restreindre la nouvelle croissance, on ne la trouve pas aux États-Unis.

Dans des régions vallonnées comme le pré-Rif, on trouve couramment les oliviers parce que leurs racines profondes permettent à ces arbres de survivre aux longs étés chauds et secs. Cependant, ce sont les céréales qui constituaient la culture de base de ces agriculteurs, et ces cultures dépendaient d’une bonne quantité de pluie au bon moment.

Moulay Bouchta était un descendant de Idrissid chorfa, les descendants du premier roi musulman du Maroc, Idriss I, qui, à son tour, descendait de la famille du prophète Mahomet.

Après avoir étudié à Marrakech, Moulay Bouchta a terminé son éducation à l’université Qaraouine à Fès. Natif de la tribu Ouled Saïd de la Chaouia, les plaines situées au sud de Casablanca, il a fini par s’établir parmi les Fechtala près d’Amergu où il a rendu l’âme le 20 novembre 1588.

Le moussem se célébrait autrefois au printemps, après la moisson, mais, pour une raison que j’ignore, se célèbre maintenant au début de l’automne. La célébration printanière est certes un moment plus opportun étant donné que les récoltes céréalières se font à ce moment-là.

Beaucoup de ce que je sais de Moulay Bouchta provient d’un article de tourisme écrit en 1931 par un militaire, Paul Oudinot, intitulé Moulay Abi Cheta ou Moulay Bouchta. Je l’ai repéré sur le blog À l’ombre de Zalagh. Zalagh es le nom de la montagne qui surplombe la ville de Fès et le blog réédite de vieux articles coloniaux, parfois enrichis de nouvelles photos sur Fès et de son arrière-pays. Je le recommande fortement à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire marocaine et à la région de Fès.

Jbel Zalagh apparaît en arrière-plan. Une section de la muraille de la ville est visible, y-compris la porte occidentale appelée Bab el Mehrouk, où l’on pendait autrefois les têtes de bandits et d’ennemis de l’État.

La fondation de la zawiya de Moulay Bouchta semble remonter au 16e siècle auquel moment le saint s’est établi parmi la tribu Fechtala. Moulay Bouchta et ses disciples étaient engagés dans la lutte contre les Espagnols et les Portugais pour reprendre des enclaves sur la côte marocaine dans le but de chasser les pouvoirs ibériques hors de l’Afrique du Nord.

El Ksar es-Seghir, une forteresse tenue par les Portugais. Après avoir abandonné leur projet de procurer et de garder des terres au Maroc, les Portugais ont démantelé les fortifications et ont déversé les débris dans le port peu profond, ce qui le rendait inutilisable.

Aux temps modernes, les chasseurs et les cavaliers célèbrent Moulay Bouchta en tant que moudjahidin. Un autre exploit que l’on attribue à Moulay Bouchta est celui de débarrasser la campagne d’oiseaux qui dévoraient les céréales des agriculteurs. Un groupe local, les Heddawah, assistait le saint dans sa lutte contre les oiseaux, de sorte que le saint les a pris sous sa protection et est devenu le patron des Heddawah actuels, qui constituent une confrérie religieuse d’errants connus comme fumeurs de kif (cannabis). Moulay Bouchta est également un saint des musiciens qui, selon ses adeptes, ne sauraient perfectionner leur art sans la baraka du saint.

Des musiciens errants à Chaouen. On les voit ici qui vont de porte en porte.
Ces musiciens divertissaient les femmes du quartier et recueillaient des dons.

Il existe de nombreuses histoires au sujet de Moulay Bouchta, qui porte aussi le sobriquet flatteur de ivrogne, non pas parce qu’il consommait de l’alcool, mais parce qu’il était ivre de Dieu.

Jadis ses restes ont été volés par une autre tribu qui a établi une zawiya sur leurs terres, mais les Fechtala, après une lutte, ont pu rendre les restes du saint à leur propre zawiya. Il existe encore aujourd’hui un autre « petit » Moulay Bouchta tout près, mais le véritable Moulay Bouchta se trouve à Amergu. Ce lieu de pèlerinage attire des visiteurs de partout au Maroc.

L’histoire précédente me rappelle des cas en Europe de vols de reliques sacrées par des moines de monastères différents, une pratique courante en Europe médiévale. Dans l’histoire de France, de tels larcins ont eu lieu à Conques et à Vézelay.

Cette carte des tribus du nord du Maroc montre les Fechtala (numéro 28) qui accueillent le moussem de Moulay Bouchta.
Moulay Bouchta est situé à l’ombre d’Amergu. La forteresse almohade se voit clairement au centre droit de cette photo Google Earth.
Les visiteurs déambulaient le long du sentier principal menant au sanctuaire. C’est le matin. En bas, près de la route asphaltée, on peut voir les tentes du gouvernement au loin à l’extrême gauche.
Les artères principales du village de tentes étaient bondées de commerçants.
Ci-dessus un commerçant vend des bottes en caoutchouc, pratiques pour le temps frais et humide à venir.
L’artère principale menant à la porte du sanctuaire.
Ce cordonnier était là pour réparer les chaussures.
Le fast-food style moussem.
Ces messieurs confectionnent des vêtements féminins sur mesure.
À mesure que le jour avançait, la foule devenait de plus en plus dense.
Cette jeune fille s’accroche à son père…
…pendant que sa mère ou sa sœur marche à côté.
L’après-midi, les gens se rapprochent du sanctuaire où ils peuvent mieux regarder la procession.
Comme tout le monde, les Marocains aiment les friandises; ce vendeur offrait une bonne variété de bonbons et de biscuits.
Près du sanctuaire, les boutiquiers vendaient des chandelles en guise d’offrandes ou de souvenirs. Les messieurs à la droite ont trouvé bien amusant que je prenne cette photo.
Plus tard dans la journée, un mouton est amené pour être vendu ou mangé.
Les femmes rurales portaient souvent de grandes serviettes comme vêtement d’extérieur.
Ce vendeur de bonbons errait dans la foule, tranchant des morceaux à vendre.
La procession vers le sanctuaire a commencé au nord, en haut du village de tentes. Ensuite, on amènera un taureau en sacrifice. La structure qui ressemble à une tente est un nouvel emballage pour le tombeau de Moulay Bouchta.
La procession descend dans la zone des tentes…
….et le traverse en serpentant.
La procession se poursuit. Les hommes défilent avec leurs mousquets.
Ils poursuivent leur chemin le long de l’artère principale.
De temps en temps les hommes tirent leurs mousquets.
Des spectateurs se mettent le long de la route alors que les tirs créent des nuages de fumée.
En défilant, ils continuent de tirer.
Les spectateurs regardent d’en haut pendant que la procession entre dans un espace ouvert devant l’entrée du sanctuaire.
Rendus là, les hommes s’arrêtent pour montrer leurs mousquets.
…par un mouvement de va-et-vient….
…jetant leurs armes dans l’air et les attrapant…
…avant de tirer dans le sol. C’est l’équivalent de la fantasia (tbourida) qui comprend également des exploits d’équitation.
Le site se remplit de fumée de poudre à canon et les spectateurs se mettent à courir pour en sortir.
Tout en haut, des femmes regardent…
…à mesure que la procession arrive à l’entrée du sanctuaire. À l’apogée de la cérémonie la foule s’enthousiasme et des activités religieuses commencent à l’intérieur du sanctuaire.

Voici arrivée la fin de ma journée et la fin de mon récit. Les cérémonies se sont poursuivies dans la soirée, mais j’ai dû rebrousser chemin à Fès avec mes collègues. C’était la fin du spectacle pour moi.

Traduction : Jim Erickson

Author: Dave

Retired. Formerly school librarian, social studies teacher, and urban planner.

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