La Fête des cerises

Récemment un lecteur marocain de ce blog, qui m’écrivait de l’Alberta, m’a demandé si j’avais des photos que je pouvais partager de la fête des cerises.

Le Maroc, spectaculaire par sa beauté naturelle, est également un pays de spectacles. Quant à moi, le festival folklorique de Marrakech vient immédiatement à l’esprit, ainsi que les diverses célébrations de saints hommes et de confréries religieuses. Ceci étant dit, il existe au pays de nombreux festivals plus modestes et moins connus. Parmi eux, le festival des cerises de Sefrou, dont le premier date de 1920, est le plus ancien.

Sefrou, à seulement 28 kilomètres au sud de Fès, possède l’une des fêtes locales les plus connues, la fête des cerises. Cette ancienne ville, très proche de Fès, est traditionnellement le dernier endroit véritablement urbain au sud de Fès, sur une route autrefois connue sous le nom de treq es-sultan, soit la route du roi. Une grande route suit l’ancien itinéraire des caravanes, traversant le Moyen Atlas, descendant dans les plaines de la haute Moulouya, puis remontant pour traverser le Haut Atlas et aboutir à Tafilelt, berceau de la dynastie alaouite, à l’extrême limite du Sahara. Aujourd’hui, les touristes empruntent cette route pour atteindre les impressionnantes dunes de sable d’Erfoud, et les camionneurs transportent leurs cargaisons de produits manufacturés, de dattes et de safran vers et depuis Fès, en bravant les routes glissantes et enneigées des plateaux du Moyen Atlas.

Table d’orientation palais jamaï Fes : Cette table d’orientation, objet typiquement français, se trouvait dans les jardins de l’hôtel Palais Jemaï, sur les hauteurs de la ville de Fès, et indiquait les points de repère importants vers le sud. Une vue de l’Oued Agaï représente Sefrou, mais après l’inondation de 1950, la ville aurait pu être mieux symbolisée par ses jardins–ou ses cerises.

La ville, qui abritait autrefois une très importante communauté juive, est aujourd’hui visitée par de nombreux touristes juifs depuis l’établissement de relations diplomatiques entre le Maroc et Israël. Il existe plusieurs sites Internet consacrés aux Juifs de Sefrou, et la ville elle-même remonte à l’époque de la fondation de Fès, ou peut-être même plus tôt.

« Une ville enfouie dans les arbres » Carte postale ancienne avec une partie de la Kelaa au premier plan à gauche

Un plan ancien de Sefrou montre presque toutes les structures de la ville enfermées derrière son mur défensif. Les Français développaient la zone située à l’extérieur du mur, à l’ouest, pour eux-mêmes. Ma maison, à l’intérieur du mur, n’avait pas encore été construite et son emplacement était encore un jardin. Plan de la ville de Sefrou. 1924

Peu de temps après mon installation à Sefrou en 1968, j’ai assisté pour la première fois à la fête des cerises de Sefrou. Gaylord Barr se trouvait déjà à Sefrou, où il travaillait à l’un des centres de travaux agricoles du ministère de l’agriculture, et Jerry Esposito enseignait l’anglais au lycée qui venait d’ouvrir, bien que Jerry ait peut-être déjà terminé son service et quitté le pays en juin. Carolis Deal et John Abel, qui avait initié dans une école primaire le poulailler dont j’ai pris la responsabilité, étaient eux aussi déjà partis.

Plusieurs autres volontaires se sont pointés à Sefrou pour participer cette année-là : Phil Morgan, Marc Miller et Steve Boeshar. Gaylord Barr, Marc Miller, et Phil Morgan, tous volontaire au sein de la cohorte Morocco X. 1968

La proximité de Sefrou avec Fès et la facilité d’accès ont fait du festival des cerises une attraction régionale majeure et, comme des volontaires demeuraient déjà à Sefrou, trouver du logement n’a jamais posé de problème.

Jan, Ruth et Gaylord ont tous trois enseigné l’anglais au lycée. Pendant le festival de 1970.

Je ne savais pas grand-chose de cet événement, si ce n’est qu’il mettait en vedette les cerises. Les Marocains appellent les cerises hab el-moulouk, ce qui signifie l’amour des rois, et la variété locale, el-beldi, est réputée pour être particulièrement sucrée et savoureuse. Sefrou occupe une dépression montagneuse à une altitude suffisamment élevée pour que les cerises y prospèrent, mais la ville comptait de nombreux autres fruits et légumes dans les anciens jardins qui l’entouraient. Dans les vergers qui entouraient la ville, poussaient des oranges, des grenades, plusieurs variétés de figues et de nombreux oliviers. Personnellement, j’ai préféré les fraises locales aux cerises.

Cueillette de fraises au printemps. 1968
Ce champ se trouvait seulement à quelques minutes de marche de la médina. 1968
Cueillette de fraises avec Mohammed Chtatou et Ali Azeriah. À noter les oliveraies. 1970

De nos jours, la population de la ville a connu une augmentation fulgurante, doublant depuis l’époque ou j’y ai vécu, et la zone bâtie s’est étendue bien au-delà des murailles de la vieille ville. Cette croissance a surpris Gaylord Barr qui a fait un arrêt à Séfrou lors de son retour de l’Arabie saoudite en 1997. Dans mon souvenir, les zones extra-muros, à l’exclusion de la ville nouvelle, se limitaient essentiellement aux quartiers de Derb el-Miter, Habouna et Seti Messaouda. Je fais cette digression sur la démographie et l’urbanisation de Sefrou avant l’étalement urbain pour souligner à quel point il était facile de sortir de la médina et, en quelques minutes, de se retrouver dans les jardins qui entouraient la ville. Le vendredi, les femmes se promenaient en groupes, leurs petits enfants à la main, pour pique-niquer dans les vergers, manger des fruits frais, prendre l’air et, bien sûr, bavarder autour d’une tasse de thé. J’ai apprécié la proximité de la campagne et je faisais fréquemment des promenades au village avoisinant de Bhahlil, célèbre pour ses habitations troglodytiques.

Vue du village de Bhalil vers le sud, en direction de la plaine du Saïs et de Fes. 1969

Promenade aux jardins, le long du mur de l’ancien cimetière juif. 1969

On parlait de Sefrou avant l’inondation. Je me demande s’ils parlent aujourd’hui de Sefrou avant l’étalement urbain, l’époque où tout le monde, à l’exception des riches, des puissants et des étrangers, vivait dans la médina et autour d’elle. Les jardins et les vergers de Sefrou caractérisaient la ville à cette époque, et les voyageurs la comparaient parfois à une oasis.

Vue vers le sud-est. Le cimetière juif est situé en bas à gauche de la photo. Sefrou occupe un bassin dont la majeure partie est entourée de collines. 1969

Le terme moussem a été utilisé pour décrire le festival, mais d’après ce que j’ai pu comprendre, la fête des cerises, créée vers 1920, se célébraient plutôt comme une foire agricole au sens européen ou américain du terme. Le mot moussem a souvent le sens d’un pèlerinage religieux sur la tombe d’un saint local, pratique fréquente au Maghreb. Il y avait plusieurs zawias, ou confréries religieuses, à Sefrou, ainsi qu’un marabout et quelques lieux sacrés aux yeux des habitants, mais je n’ai assisté à aucune célébration religieuse régionale de l’importante de celles que l’on trouve à Moulay Bouchta ou à Jbel Alam. Le festival des cerises est apparu comme un événement uniquement séculier dans un pays où la religion imprègne généralement la plupart des cérémonies publiques. La sélection d’une « Miss Cerise » et le défilé de la jeune femme m’ont semblé en contradiction avec les valeurs de l’islam.

Il y avait, bien sûr, les habituels dîners sous tente pour les dignitaires locaux que l’on trouve lors de toute célébration publique marocaine, ainsi que des marchands ambulants qui offraient toute sorte d’articles, de nourriture, de sucreries et de boissons. Les gens circulaient dans la ville nouvelle.

Femmes se reposant à l’ombre. 1968

Promenade parmi les tentes au bord de la ville nouvelle. 1968

Un porteur d’eau fait le plein à un robinet public. 1968

Différentes générations se regardent. 1968

Gaylord se mêlant à une foule d’enfants…

…et discutant avec un cavalier berbère de sa monture. 1968

Les manèges offraient un plaisir particulier en dehors des grandes villes. 1968

Le long de la rue principale de la ville nouvelle, les gens se sont rassemblés pour regarder le défilé.  1970 ou 1973

La rue principale lors d’une journée d’été plus typique. L’effervescence de la vie urbaine régnait dans la médina et aux alentours. La ville nouvelle s’étendait sur les pentes à droite. Tout en haut, un fort français, des casernes et un marabout. 1969

Un jury composé de personnalités locales sélectionne une Miss Cherry, qui défile dans la rue principale de la ville nouvelle à bord d’un char. L’un des chars de cette première année comportait également des danseurs qui se produisaient au fur et à mesure du défilé.

Danseurs professionnels du Moyen Atlas. D’après de nombreux Marocains, la danse ne constituait qu’une de leurs professions.Photo prise par Gaylord Barr. 1968

Les danseurs avec un musicien, à l’extérieur de la tente des notables. 1968

Danser pour la foule.  Photo par Gaylord Barr. 1968

Les spectateurs 1968

Le défilé comprenait l’exhibition publique d’une femme, ce qui est tout à fait inhabituel dans un pays où les femmes se couvrent en public. La foule qui se pressait le long de la rue principale de la ville nouvelle faisait preuve de curiosité.

Les foules le long du parcours du défilé étaient denses et composées principalement de femmes et d’enfants. 1973

Le char du ministère de l’Agriculture 1970

.

L’affiche sur le char allégorique présente les avantages des charrues modernes. 1970

Un porteur d’eau offre des boissons à la foule. 1973

Miss Cherry. 1969 ou 1970

Femmes et enfants assis le long du trottoir. 1973

Le festival donnait l’occasion aux confréries religieuses de se réunir et de se livrer à leurs activités particulières, peut-être comme un divertissement pour les spectateurs, mais comme un rituel sérieux pour les participants.

J’ai toujours appelé ceux que j’ai vus Aissawa, ce qui aurait fait d’eux des membres de la confrérie soufie centrée à Meknès. Il existe à Meknès un grand sanctuaire avec un mausolée où repose le maître soufi Ben Aissa, également appelé shaykh el-kamal, le chef parfait. Un important moussem s’y déroule chaque année le jour de la naissance du prophète Mahomet, le Mouloud.

La cour devant le sanctuaire à Meknès à l’occasion du Mouloud 1976

Partie d’une procession Aissawa à Meknès 1976

Lors du premier festival des cerises auquel j’ai assisté, un groupe d’Aissawa ou, peut-être, d’Hamadsha, qui mangeaient du feu et manipulaient des serpents mordants, ont dansé jusqu’à l’état de transe. Quelques-unes des photos montrent les visages écarquillés des spectateurs : ces spectacles étaient loin des rituels formels de l’islam de tous les jours !

Les hommes dansaient en cercle, en chantant et en se frappant la poitrine. Photo de Gaylord Barr. 1968.
L’un des musiciens. Photo de Gaylord Barr. 1968
Les instruments étaient tous traditionnels. 1968

Les danseurs se relayaient pour se produire au centre du cercle. La plupart de ces photos ont été prises sur un film Kodak Ektachome. Cette photo a été bâclée lors du développement : le centre de l’image ne devrait pas être rose. Aujourd’hui, prendre des photos est D’une grande simplicité et, les pellicules n’étant plus utilisées à grande échelle, les appareils photo électroniques et les téléphones cellulaires peuvent capturer et stocker une quantité impressionnante d’images. Je prenais soit 20 ou 36 photos sur un rouleau de film, le film coûtait cher et sa sensibilité se limitait aux conditions lumineuses. 1968

Chants et danses. Les amulettes portaient des inscriptions religieuses. 1968

…à mesure que la musique continuait…

…la danse continuait. L’homme à droite a des serpents drapés autour du cou. 1968

Manger du feu faisait partie du rituel. J’adore le regard des spectateurs. Le groupe a commencé par demander à la foule des contributions ou des dons. 1968

Feu et serpents. 1968

Le feu était réel…

…et les serpents étaient sans l’ombre d’un doute bien réels. Je voyais le sang qui suintait des piqûres de serpents. 1968
Certains portaient des serpents et mangeaient du feu. Le spectacle était envoûtant et, si je n’avais par été occupé à prendre des photos, mon visage aurait pu montrer autant d’attention que celui des spectateurs sur ces photos. 1968

Traditionnellement le festival durait trois jours, mais je ne me souviens que d’une seule journée. L’année suivante, en 1969, je me trouvais peut-être ailleurs pendant le temps du festival. En 1970, j’y ai de nouveau assisté et cette année-là, il y a eu une fantasia, un spectacle traditionnel de jeux de poudre et d’équitation—le seul auquel j’ai assisté pendant mon séjour au Maroc. Enfin, le seul comportant des chevaux, car à Moulay Bouchta, un cortège d’hommes armé de vieux mousquets s’était rendu sur l’espace devant le sanctuaire et a offert un spectacle impressionnant.

Jeu de poudre devant le sanctuaire à Moulay Bouchta 1970

A la fête des cerises, les cavaliers alignaient leurs chevaux sur un terrain plat, les éperonnaient et galopaient le long du terrain en agitant leurs mousquets avant de tirer une salve en l’air.

L’un des cavaliers. Photo de Gaylord Barr. 1968
On se prépare pour la course. 1970

Chargement des mousquets 1970

Les cavaliers des tribus berbères environnantes sont fiers de leur savoir-faire équestre et leur beaux chevaux. 1970

.

Au galop le long du le terrain. 1970

Tirant leurs mousquets 1970

Pour ensuite recharger tout en se regroupant. 1970

Bon nombres des cavaliers étaient des hommes de tribu plus âgés et suffisamment riches pour s’offrir un beau cheval. 1970

Il y a eu plusieurs courses le long du terrain. 1970

Certaines courses comptaient plus de participants que d’autres. 1970

Les participants s’apprêtant à tirer. 1970

Déchargeant leurs mousquets au grand galop. 1970

Et produisant toujours des nuages de poussière. 1970

Les photos de ce billet présentent la fête des cerises telle que je l’ai vécue, à la fois en tant que nouvel arrivant dans le pays et en tant que personne ayant vécu à Sefrou pendant quelques années. Les foires d’État et de comté sont courantes aux États-Unis et au Canada, partout où l’agriculture est importante, mais je n’ai jamais visité la foire du comté de Niagara à Lockport, dans l’État de New York, près de l’endroit où j’habite. Les foires, ce n’est vraiment pas mon truc, même si assister à l’exposition nationale canadienne a été un moment fort de mon enfance, parce que j’aimais les manèges et la nourriture.

Le festival des cerises a été très divertissant. En juin, il faisait toujours beau. La ville nouvelle était bondée, les animations étaient intéressantes et des amis de tout le Maroc venaient nous visiter. Ceci étant dit, bien des années plus tard, maintenant que je suis de nouveau chez moi, je ne me rends pas au festival de la pêche à Lewiston NY, à seulement 12 kilomètres de chez nous, ni au festival de l’éperlan de Lewiston, un événement  beaucoup plus modeste célébrant le petit poisson savoureux qui remonte la rivière au printemps. Je trouve que les foires sont faites pour les jeunes, les exposants, les vendeurs et les marchands. Toutefois,  le festival des cerises est désormais reconnu par l’UNESCO comme faisant partie du patrimoine national du Maroc. Si vous vous trouvez dans le nord du Maroc en juin, je vous encourage à y participer. Au minimum, vous aurez le plaisir de voir des foules de Marocains s’amuser. À l’époque où je restais au Maroc, la vie était difficile pour beaucoup et les fêtes nationales ou locales s’avéraient des occasions de célébrer avec des amis et avec la famille. Je m’imagine qu’à cet égard, rien n’a changé du tout.

Will we be asking “Where are the snows of yesteryear?”

The main road south from Meknes crosses the high Middle Atlas plateau just south of Ifrane. In the distance, looking south, the eastern High Atlas towers above the Upper Moulouya River valley.

This week, the International Panel on Climate Change issued a long anticipated report on climate change, its sixth since 1988, and almost 4,000 pages long. The gist of the report is that the nations of the world may still be able to stabilize rising global temperatures and limit their rise from the 1850 to 1900 period to 1.5° Celsius (2.7° F)—but only by immediate, serious, and concerted efforts over the next decade or so. Within the report some scientists suggested that there must be dramatic action within the next four years.

A few days ago, the New York Times published an article, “How much hotter is your hometown?”, in which you could input where you live and when you were born to see how much temperatures have risen over your lifetime and how much they can be expected to rise in the next century.

The series of temperature data used for comparison only begins in 1960, so I decided to use 1968 as the date of my birth, the year that I stepped off a PanAm 707 onto the tarmac in Salé to spend the first four of the seven years that I would live in Morocco. I now live close to where I was born in Western New York so I thought it would be interesting to look at Niagara Falls, New York and Sefrou, Morocco. The first location has a temperate climate, tempered by Lake Erie and Lake Ontario, while the latter has a Mediterranean one, where a 3,000-foot elevation moderates the temperature.

In 1968, Niagara Falls had one day of temperatures of 90° F or more (32.2° C). Sefrou had 34 days. Today Niagara Falls still has only one day, but Sefrou has 65 days. In twenty years, the respective number of days of 90°+ for each city will be two and 85. Near the end of the century, the 90°+ days will rise to 12 for Niagara Falls and nearly 100 for Sefrou. Needless to say, in both locations summers will be much hotter. The number of 90°+ days represents only a daily high.

The consequences of this change will be enormous. Today we see daily reports of destructive wildfires and drought in California, which has a Mediterranean climate like Morocco, as well as wildfires all around the Mediterranean itself. Fires in the Kabylie recently claimed scores of lives. In the future, with more heat in the atmosphere, storms and other severe weather events will certainly increase in strength. All this will happen, without adding in still unknown tipping points such as the potential collapse of the Gulf Stream.

Today I think of the many Middle Atlas lakes and the great forests of Atlas cedars, and wonder what will happen to them.

The forest at Tafferte in 1968 or 1969, outside the old ski hut.

Will the lakes be drained for irrigation or even drinking water?

Seated on the terrace of Le château du lac beside Dayet Aoua in 1969 or 1970. Note the pedal boats. The lake is now dry.

Will the cedars fail to regenerate in a drier, hotter environment especially after the forest substrata of green oaks is gone, burned for production of lime or charcoal?

Producing lime near Sefrou by burning green oak. At higher elevations, the green oak provides a valuable microenvironment for young cedars.

Will the snows of the high plateaus and mountains become ephemeral? And, more importantly, what will happen to the pastoralists and farmers in the coming new environment?

Some of the news that comes from Morocco is disquieting. Birds once common around Daya Afourgah have disappeared, and satellite photos show great expanses of dried up shoreline, and what look like irrigated fields.

Picnicking beside Daya Afourgah in 1969 or 1970. Photo by Gaylord Barr.

The karst lakes of the Middle Atlas have always risen and fallen with snow and subterranean flow, but today some seem to be drained.

A recent aerial photo of Daya Afourgah, which displays large areas formerly under water. Google Earth, 2021.
A quiet evening on Lake Afourgah. In the autumn, great flocks of starlings would congregate around the reed beds. The flocks would perform aerial acrobatics including diving toward the surface of the lake and pulling up virtually at the water’s surface. Photo from 1968.

Daya Ifrah, the largest of the Ifrane region’s lakes, is suffering fish kills from the chemicals in agricultural runoff.

Daya Ifrah, the largest lake, in the Ifrane area, is now polluted by agricultural runoff. Photo from Yabiladi, © 2020.

Daya Aoua seems to have been drained entirely for irrigation of surrounding apple orchards. Contrast this photo with that of the one above taken years ago at the Chateau du lac. Photo by Jassim Ahdani from Hespress, © 2119.

Despite the increasingly better modeling of climate change, so many unknowns exist that it is difficult to fathom why anyone would risk the future of the planet, and yet that is exactly what has been happening for years.

In the United States, by the end of this decade, scientists project that the glaciers of Glacier National Park will disappear entirely, and we may soon be chanting Villon’s familiar refrain, “Mais où sont les neiges d’antan?” Will the beauty of the snows of the Atlas become as ephemeral as the beauty of Villon’s women?

* For you lovers of the English language, the poet Gabriel Dante Rossetti, in his translation of La ballade des femmes du temps jadis, coined the word yester-year now in use as yesteryear, as a translation for thé French word jadis.

Al Maghrib Al-Arabi

The Good, the Bad, and the Ugly

In the sixties, Sefrou had one movie theater, the Maghrib el Arabi, but it was great! On a hot summer night, the roof would retract, slowly and almost silently, and the cool evening air would pour in from a sky full of stars. I went to the movies whenever I could. I loved films, and, frankly, how many things could you do in a small provincial city where almost everyone went home to their families at night, tired from a day’s hard work? Not that the theater was an entirely respectable place. Now, whenever I watch the Italian movie, Cinema Paradiso, I’m always reminded of Sefrou, its movie theater, and the people I knew.

In those days the choice of films was mostly between Bollywood musicals and spaghetti westerns. Occasionally there was an Egyptian feature, beyond the comprehension of someone already struggling with Moroccan dialect,  and, sometimes, a recent American movie, and sometimes a classic. I remember watching High Noon, which for me was iconic and for my colleague puzzling, and, In the Heat of the Night, a contemporary drama about the civil rights struggle in the American South. The big cities had a much better choice of films. I saw Space Odyssey 2001 in the Theatre Mohammed V, not long after the film opened in the U.S. Needless to say, the Western movies were always dubbed in French.

But that was Rabat. In Sefrou, I still remember hearing, through the front windows of the house, the sounds of young men walking home through the empty street at night, a darkened medina street lit by an occasional street light, whistling the theme music from A Fist Full of Dollars (https://youtu.be/9uFlE1cO8Fc), and knowing they enjoyed it, but also wondering what they made of it. It was certainly more a part of their America than mine.

Madame Mystery

I remember emailing Gaylord Barr, a Peace Corps volunteer who served in the late 1960s in Sefrou, some questions about Madame Mystérie. I was surprised that he did not recall that my reference was to the first missionary to come to Sefrou, in early years of the 20th century. Her name was Maude Cary (I have a little book about her somewhere, published by a missionary society.) Unmarried, she became known as Miss Cary, which made more sense to non-English speakers as Madame Miss Cary as she got older! Of course, I misheard her name Madame Miss Cary as Madame Mystery, mysterious till I figured it out. It seems that my Moroccan friends also knew her as Madame Mestiry.
Every one tries to take unfamiliar things and place them in a context that makes sense. Near the end of the French Protectorate, when King Mohammed V did not support the French and spoke out for independence, the French exiled him to Madagascar, then a French colony. For many Moroccans who had never gone to school, Madagascar meant nothing, and some, asked about the King, said that he was sent to see “Madame Cascar.” Madame Cary was a lot like that to us naïve Americans.
I think the last missionary, Mr. Jessup, left in 1969 or early 1970. He couldn’t proselytize, and he had nothing to do and spent a fair amount of time fishing. When I told this story to an old friend, Ali Azeriah, he wrote back with his own recollections, and they contain a lot more detail than my own, and his story is interesting.
“Now to Madam Mestiry. She too was part of my childhood. I was eleven years old, and I used to go to a school in Derb l’Miter. My family used to live in Setti Mesouda. At that time (about 1958-59) many Jews (the wealthy ones) began to move out of the mellah and settle in such districts as La Ville Nouvelle, Setti Mesouda and Derb l’Miter. So Derb l’Miter hosted many Jewish and Muslim families living side by side and maintaining good neighborly relations. Madam Mestiry, the American missionary, used to live in a house in Derb l’Miter, it being the ‘Beverly Hills’ of Sefrou then. She was well known in the Sefrou community, and especially among pupils my age and teenagers in general, including those who did not attend school. At six o’clock in the evening when we came out of school, most of us students would pass by her house, and there she would be standing at the door of her house with a big smile on her face. She would ask us to come in in Moroccan Arabic ‘Aji! Aji!’ (Come in! Come in!) And a whole bunch of us (ten or twelve of us) would walk in. She would take us to a large room furnished with many chairs, a piano (the first time I saw one), a cross on the wall, and a bookshelf full of books. She would make us sit on the chairs arranged for the event, and she would sing to us hymns in broken Arabic. I can still remember one half sentence from her many religious songs: ‘something (I can’t remember the word) will take me up to the Lord.’ After about twenty minutes or so, she would stop singing, and give us pictures of Jesus Christ and the Virgin Mary. Then she would invite us to the kitchen and give us the thing we cherished most: French bread and cheese or bread and chocolate, one day French bread and cheese, the next day bread and chocolate. Hungry as we were, at 6 o’clock we would flock to Madam Mestiry’s house to be fed food which we had never had at home: Boulanger (French Bread), red cheese and chocolate. We did not care as much about the religious songs or the pictures as we cared about the food, which we, the miserable kids, enjoyed very much. One day my uncle, having found the pictures of Jesus and the Virgin Mary in my satchel, asked me how I came to get them, and I told him the truth. He gave me a thrashing and ordered me to never go to Madam Mestiry’s house. ‘She will make a Christian of you, you donkey.’ I promised him to never go there again. But I did not keep my promise. I just could not resist the temptation of ‘boulanger” and cheese or chocolate.
My generation still remembers Mme Mestiry. I do not know any one (from among the circle of my friends) who converted to Christianity, but I heard of some who did actually embrace Christianity.
This is my story of Mme Mestiry. She was well known in Sefrou.”
Thanks, Ali, for shedding light on the mysterious Mestiry and the Sefrou that was.

The Peace Corps Book Locker

The Booklocker

I lived in Sefrou, but worked 20 miles away in the provincial capital, Fes. I commuted every day by taxi or bus, which I caught across from the Bab Mkam. During the half-hour rides, I read voraciously. In the early years, volunteers were furnished “book lockers,” collections of classic and contemporary books. The “book locker” collections were a varied mix, and, as volunteers added and subtracted from them, they grew ever more diverse. Volunteers visiting Rabat would find book lockers in storage at the Peace Corps office on rue Van Vollenhoven, and look for new titles.

The book locker was an American idea, conceived in the earliest days of the Peace Corps. The names of those who put the original collections together seem to be lost. The Peace Corps knew that volunteers in remote places might find it difficult to find reading, and that they would have lots of time to read.

In Morocco, I found English language books at a certain newsstand in the ville nouvelle as well as at the missionary run store, La Bonne Nouvelle. I did a lot of reading in French, and searched the medina booksellers for old items on climbing and mountaineering, my passions, as well as history.

Since that time, I have never had so much time to read.

This may seem like a slow start, but the trivia of everyday existence is as relevant as anything else. I am not aiming at profundity, just a start to the blog.

Source: Peace Corps Morocco Beginnings