Que c’est triste…

« Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on s’imaginer, en voyant un vol d’hirondelles, que l’automne vient d’arriver ? »

J’ai pensé à ces paroles de Jean Ferrat hier après-midi, quand j’étais en train de tondre la pelouse. Nous sommes déjà à la mi-septembre, et après une aube brumeuse, il fait un soleil brillant avec beaucoup d’humidité. Nous voici une semaine avant le début de l’automne. Les hirondelles sont parties depuis un mois, ainsi que presque tous les oiseaux migrateurs, et le silence se fait entendre à ma femme, mais non plus à moi, affligé d’une surdité progressive. Curieusement, les plus petits des migrateurs, les colibris, sont encore là, fréquentant les fleurs de nos jardins. Il leur faut ajouter des quantités impressionnantes de graisse avant d’entreprendre leur migration vers l’Amérique centrale.

Ferrat a composé La Montagne à la suite d’un séjour à la campagne, qui, faute d’emplois, se vidait après la Seconde Guerre mondiale. Chansonnier politique, je me rappelle vivement un professeur de stage à La Pocatière nier son importance avec trois mots, «c’est un rouge. »

La chanson française me fascine depuis longtemps. J’hésite à l’avouer, sachant que mes compatriotes exprimeront des objections collectives et violentes, mais je ne peux pas y résister : la langue française facilite la poésie, d’une manière presque impossible en anglais.

En anglais, certains compositeurs ont réussi à mettre des paroles en musique. Je pense au poème de William Blake, Jérusalem, qui est, dans les faits sinon de statut officiel, l’hymne national de l’Angleterre. Aux Etats-Unis, bien des compositeurs ont écrit de la musique pour accompagner Stopping by the Woods on a Snowy Evening, de Robert Frost. Voilà deux exemples qui me viennent tout de suite à l’esprit. Je suis sûr qu’il y en a bien d’autres.

Mais, regrettablement, nous les anglophones n’avons pas de Brassens, chansonnier et poète, capable de nous faire rire et pleurer en même temps. Qui d’autre aurait pu transformer un poème du seizième siècle en chanson populaire, appréciée jusque dans les quartiers ouvriers de Paris. Et ainsi, bien d’autres chansons, et à plusieurs reprises?

L’entrée du cimetière Le Py

Je suis fier de raconter ma visite à l’Espace Georges Brassens à Sète (Supplique pour être enterré à la plage de Sète) au mois de mars 1991, pas longtemps après son ouverture. Un des guides m’a flatté en disant que j’étais le premier anglophone à lui rendre visite. Je l’ai fait rire en demandant si Brassens était vraiment enterré à la plage de Sète, et après la visite, je suis allé directement au cimetière rendre mon hommage personnel à Tonton Georges.

Son tombeau est le troisième à droite.

Je n’ai pas pu m’endormir sous un pin parasol à la plage, mais, de temps en temps, quand il fait un temps méditerranéen, je m’installe sur ma terrasse avec un Ricard à la main, et je bois à la santé de cet homme qui m’a fait découvrir la beauté de sa langue maternelle d’une manière que n’ont pas su faire mes professeurs avec leurs analyses de textes interminables ! En plus de la beauté de sa poésie, ses pensées universalistes et humaines auront toujours des leçons pour ceux qui écoutent attentivement.

Le tombeau de Georges Brassens en 1991. Aujourd’hui, Püpchen, à laquelle il a fait sa « non-demande » en mariage, est à son côté

Texte : David Brooks

Révision : Jim Erickson

Author: Dave

Retired. Formerly school librarian, social studies teacher, and urban planner.

2 thoughts on “Que c’est triste…”

  1. Interessant! Votre surdite est tout a fait embettant, non pas seulement a cause des hirondelles recement partis, mais egalement pour tous les sons de ce monde. Bien sur, il compris de la poesie des chansons Francais, et la poesie soi-meme (qui est toujours plus frappante quant on l’ecoute), mais aussi pour ceux qui sont amoureux des voyages. Cette pensee m’a occure il y a plusieurs annees (voir https://wheatypetes.world/2016/08/15/the-sounds-of-silence/.) Quand meme, David, vous devez etre fier d’etre le premier anglophone a visiter l’Espace Georges Brassens. Merci encore une fois por votre sagesse.

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    1. You play the cards you are dealt. I turn up the volume and fiddle with the equalizer. It works well with pop, not so much with classical, and, sadly, I absolutely love Bach. I included in Stopping in the Woods on a Snowy Evening because an old friend played a guitar arrangement, years ago in my house in Sefrou, Morocco, on a cold December night. I know there are much better examples.

      I love English, too, anglophone that I am, and I truly delight in the dialects and vernaculars of other English speakers, be they Brits, or Canadians, or Alabamans. We Americans don’t have the same strong class prejudices as the Brits, but we do interpret regional accents in negative ways, though most Americans don’t think they have much of an accent, and rich Americans who live in places like New York City, make sure their kids never grow up speaking “l’accent du pays,” the same way that some French do.

      Brassens is special to me. He was an iconoclast, who loved the French language. Through hard work he made the most of his talents, and he deserves to be better known outside of France. I was attracted to his work, because I was a young man, barely out of my teens, a found his ribald humor funny. As I got to know his writing better, I began to understand just how beautiful and touching some of his lyrics were.

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